Funérailles du Vicomte Alexis 'Prouvencao' Beogora de Marignane

Ils étaient arrivés la veille, durant la journée de vendredi : une semaine à chevaucher depuis la Franche-Comté à la tête d'une troupe hétéroclite. Le Provençal était soulagé de savoir qu'ils allaient pouvoir se détendre au château vicomtal. Alexis ne lui avait pas menti. Que des divans dans les appartements et salons qui s'offraient à eux, de quoi reposer leur pauvre dos martyrisé durant le long voyage inconfortable. Cependant, laissant ses amis se détendre, Pons d'Agoult s'était éclipsé pour rejoindre la chapelle castrale que les gens du pays rattachés à la valetaille lui avaient ouverte. Il leur demanda de soulever le gisant pour ouvrir le caveau. Il grimaça. Le corps à peine embaumé était bien conservé par la pierre froide et hermétique. Le prêtre retira au Vicomte sa couronne ceinte sur sa tête. Les mains inertes d'Alexis tenaient serrées entre ses doigts son épée, brisée. De même que la couronne, il prit un à un, avec cependant plus de mal, les morceaux de lame et la garde qu'il serait contre lui telle une croix pour son voyage funèbre qui devait le mener jusqu'à son Créateur. Sur deux coussins recouverts d'une étoffe de soie que lui présentaient les valets : il y déposa respectivement la couronne et l'épée brisée ; il replia les bords du tissu par dessus, cérémonieusement. Les deux domestiques disposèrent alors, disparaissant. Le vicaire profita d'être seul pour laisser aller son chagrin, il s'effondra au bord du caveau. Une occasion comme une autre de méditer, mais se reprit-il aussitôt entendant quelques chausses claquer sur les dallages avoisinants. D'un revers de manche il souffla quelques chaudes larmes et profitant de la pénombre pour disparaître avec les gens de Marignane revenus pour fermer la sépulture... du moins jusqu'au lendemain!

[samedi 13 février, 11h, cérémonie funèbre]

Mais c'est qu'ils dormaient à points fermés, trop content de profiter de ce confort providentiel. Il fallait cependant se réveiller, le matin pointait. Quelques personnalités allaient arrivé pour rendre un dernier hommage au Vicomte décédé. Les laissant se tirer de leur sommeil, Pons d'Agoult se précipita à la chapelle pour voir ce qu'avaient pu faire les domestiques durant la nuit. Le pieux lieu était prêt, plus illuminé en ce matin que la veille au soir. Il fit sonner les cloches pour prévenir les proches voyageurs et les Marignanais de l'imminence de la cérémonie funéraire. Un bon point aussi pour réveiller ses compagnons paresseux! Le prêtre attendit tout le monde sur le parvis de la chapelle attenante au château.

Le vénitien avait reçut un message lui demandant de venir au plus vite pour les funérailles de son suzerain . Il avait quitté en douce la ville d'Aix pour rejoindre le son château de Saint Victoret ou il avait troqué ses frusque de pèlerin contre ses plus sombres atours. C'est tout de soie et de velours noir que le manchot pris la route de Marignane le coeur lourd. Une dizaine de soldat en armure d'apparat l'accompagne brandissant bien haut l'étendards de Saint Victoret et de Marignane barrées de noir . A l'approche de la ville , Akime le géant maure porta a ses lèvres un cors pour sonnait leur arrivée. La longue note déchira le matin froid , Vitruvio réajusta son mantel doublé de renard. Sa barbe rousse peigner et huilé flamboyé dans le soleil du matin. Il traversa la foule de gueux qui venait rendre un dernier hommage à leur seigneur et maistre. Un jeune page mis pied a terre pour prendre la jument andalouse par la bride tout en récitant son office une voix tintée d'un accent Italien.


Son Excellence Vitruvio Antonio Giacomo Tebaldo d'Agneau , seigneur de Saint Victoret , Grand Ambassadeur aux affaires Italienne et chevalier des Beaux de Provence .

Vitruvio le visage fermé se dirrigea vers le noble qui se tenais sur les marches . Il s'inclina .

Bonjour Seigneur , merci de m'avoir prévenue.

Deux proches amis d'Alexis. Ils se présentaient, comment oublier leurs noms présents dans les lettres du Vicomte. Ce dernier avait beaucoup d'estimes pour ces personnes, notamment la dame qui venait d'arriver. Pons d'Agoult avait souri au « Seigneur », il n'en était pas un, contrairement à eux, qui avaient toute la noblesse qu'espérait le Prophète Christos « Il n’est de noblesse que d’âme, et c’est dans votre cœur qu’il vous faut être noble. Mais sachez que même ainsi, vous serez vulnérable, car la noblesse est souvent blessée par la bassesse. » Du moins la découvrirait-il si lui en laissait le temps. Les amis d'Alexis sont mes amis. Il s'attarda à dévisager celle dont il connaissait les titres reconnus en Empire de par son suzerain : Beausoleil. Elle-seule avait eu raison du particule à utiliser dans cette circonstance, pour son état de prêtre.

« Oui, bonjour mes enfants, je suis Père Pons d'Agoult, j'officierai à cette cérémonie funèbre pour votre ami!

Il sourit à la chancelière sincère et discret . S'inclina devant le prêtre et lui murmura un merci , presque un sanglot. Il pénétra dans la chapelle , silencieuse , remplit de bougie de cire d'abeilles qui vous cache l'odeur de la mort. Il posa le genoux a terre et en haut de la nef se signa , silencieux , maudissant ses talons pour le vacarmes qu'ils faisaient. Il remonta la nef centrale jusqu'à la dépouille de son suzerain. Il avait fait venir de son palais Vénitien les mosaïques que ses ancêtres avaient pillé à Byzance. Il les feraient venir pour les installer dans la chapelle. Il se mis à genoux devant la dépouille. Il pria un moment , ne voulant pas prendre trop de temps par rapport aux autres il écourta ses prières pour confier son ami à Saint Marc. Ilse signa et se relava . Sécha les larmes qui s'étaient perdu dans sa barbe il sortit , clignant des eux .

Merci mon Père pour le temps accordé .

Elle arrivait enfin à ce jour funèbre lequel permettra à son ami Prouvencao de dormir à jamais en paix. Dormir en paix certes mais la mémoire des hommes restait. Elle se rappela ce premier jour ou le Vicomte de Marignane vint la visite à sa maisonnette de Forcalquier. Ce jour la faisait encore sourire entre ces larmes. Elle revoyait dans sa tête tout le déroulement des événements qui se suivirent à partir de cette époque jusqu’à ce que Dame Véro entre en taverne et dise avoir reçu la même missive qu’elle l’invitant aux funérailles du défunt. Ce fût le cou de fouet. Réalisant vraiment enfin ce qui était advenu. Même la veuille de ce jour, alors qu’elle discutait avec Ref1, elle n’avait pas entièrement compris ce qu’il avait voulu dire quand il avait parler “de ces deux là” en parlant d’Ascram et Prouv. Car pour elle, c’était ainsi qu’elle les avait toujours connu: Ascram et Prouv. C’était là toute l’image qu’elle préserverait d’eux car c’est celle- ci qu’elle avait aimé.

Les cloches avaient été sonnées. Devant la porte de la chapelle, Alexandra prit le temps de se ressaisir et de sècher ses larmes avant d’y pénétrer. Armée d’une grande dose de courage elle alla devant les chuchotis trouver le père afin de se présenter les yeux ainsi que le visage tout rougit:

Bonjour, j’imagine que vous êtes le Père Pont d’Agoult. Je suis Alexandra1, une amie de Prouv... je suis enchantée ...

Regardant un peu autour d’elle, elle y reconnu quelques personnages de la vie d’Alexis ainsi que de la sienne mais elle ramena son regard à son interlocuteur tentant de refouler sa peine.

Pons d'Agoult accueillait très solennellement les fidèles qui se pressaient pour les funérailles à venir. Il les observait tous attentivement, répondant même quelques fois trop laconique, perdu dans ses pensées. Une arrivée très discrète, était-ce la Baronne de Beuil dont lui avait tant parlé Alexis. Connaissant les liens qu'entretenaient ce dernier avec elle, il avait poussé le vice jusqu'à la particule de « Duchesse » à la place de celle communément admise de par le rang de son fief provençal. Tout ceci sur les conseils du Vicomte quant à des possibles échanges épistolaires, notamment après sa mort.

Il reçut ensuite une jeune femme qui se présenta à lui, Alexandra était son nom. Enchanté, hélas dans une bien pénible rencontre, cela chagrinait le prêtre. Arriva le Vicomte de Fréjus qui avait fait un bout de chemin avec lui et son escorte depuis Vienne. Ils s'étaient peu connus, mais Alexis l'aurait bien espéré sous de meilleurs horizons. Cependant l'aigle impérial ne s'est pas posé sur la Sainte-Victoire de son vivant. Pons avait cru comprendre que beaucoup parlaient de lui comme d'un traître, d'un félon ; il s'était toujours défendu d'avoir caché ses opinions les plus profondes, ses amis alors présents devaient le savoir.

« Je vous prie mes dames, mes sieurs, d'entrer, nous allons commencer. Le temps de vous installer donnera peut-être le luxe aux retardataires de nous rejoindre si du moins ils viennent!

De toute manière, il avait donné des consignes que de laisser grandes ouvertes les portes de la chapelle, pour que quiconque souhaitait se joindre ou entendre la cérémonie le puisse...

Tu as raison mon ami... Tu as raison. répondit-il.

Espérons que tous ceux qui se battent pour quelque chose ne finissent pas comme ça.

Savié était content de voir Louis Philippe bien rétabli. Il aurait voulu lui poser des questions, savoir ce qu'il devenait, lui dire qu'il était passé par Vienne et y était même resté plusieurs jours mais ne l'avait jamais croisé.
Mais pour l'instant, tout cela ne s'y prêtait.

Par contre, pendant la veillée, il comptait bien se rattraper.

Quand on annonça le début de la cérémonie, Alexandra prit place près de Ref et de ..., puis de ..., peu importait qui était près d'elle en ce moment. Elle n'était pas là pour autre chose qu'Alexis. Elle écoutait ce qu'on se disait autour d'elle mais n'y prenait aucunement part. Il n'était pas le moment de discerter ici comme ella aimait bien le faire habituellement.

Le mieux était de ne plus penser mais de se centrer sur ce qui suivait ...

Pendant que les fidèles pénétraient dans la chapelle castrale, Pons d'Agoult fit de nouveau ouvrir le caveau en faisant retirer le gisant par les gens de Marignane. Se disposant derrière, il décida de commencer la litanie aristotélicienne admise pour les cérémonies funèbres. Levant les bras, il psalmodia les formules d'usage auxquelles les invités devaient répondre à chacune « Seigneur ne détourne pas ton regard de notre ami! »

« Après que notre regard ait croisé le sien, qu’il puisse enfin voir le Tien, Seigneur.

Après l’amitié qu’il a reçu et qu'il a prodigué sans compter, cette vertu aristotélicienne qui a guidé sa vie ; accorde-lui, Seigneur, l’amitié ultime qu’est la Tienne!

Après les peines et les larmes qui ont obscurci sa vie durant, illumine sa route pour l’éternité, cette vie heureuse après la mort que tu as promis à tes Enfants.

Il termina enfin par :

« Seigneur, nous tournons vers Toi nos espoirs à l’heure où disparaît le corps de l’ami qui nous est cher.

« Accorde-nous l’espérance de le revoir auprès de Toi pour les siècles des siècles. »

« Amen! conclut le prêtre en écho avec ceux des fidèles.

La cérémonie allait bientôt se poursuivre, Pons d'Agoult prit un panier d'osier dans lequel se trouvait le médaillon d'Alexis. Chacun pouvait y déposer les offrandes qu'il souhaite voir accompagner pour son long voyage céleste. En attendant le retour, il alluma les cierges qui formait un cercle parfait autour du caveau. Aussitôt introduit-il le signe de lumière :

« L'Amitié, lumière des Royaumes ; flamme qui réchauffe notre cœur de fidèle! Qu'elle éclaire ta route, Alexis, toi qui avait fait de même pour tes amis, et qu'elle te guide jusqu'au Royaume du Très-Haut.

Pons enchaina avec le signe de foi :

« Alexis! Nous déposons cette croix pour ton voyage funèbre! Signe liant Aristote à Christos, qu'elle t'apporte salut et vie éternelle, symbole de ta ferveur.

Se penchant, le prêtre la lui glissa entre les mains. Ces mêmes mains qui avaient serrée la garde de son épée, dans la crainte du Jugement à venir. Il remarqua à son doigt cette bague dont il lui avait parlé, et en profita pour la lui retirer discrètement. Elle serait remise à son héritier légitime : Tristan. Puis il attendit le retour du panier en osier pour poursuivre sur le signe de l'amitié.

Poussée par la petite brise marine, la porte du cimetière émit un grincement lugubre.
Sur son destrier le vicomte de Rabat arrivât enfin devant l'édifice, sur les terres de Marignane.

L'avance n'avait jamais été son fort et, à tout seigneur tout honneur, il espérait également que la faucheuse ne prendrait point trop d'avance le moment venu. Point comme pour l'estimé Vicomte de Marignane trop tôt parti.

Pied à terre, petite hésitation quant à laisser son épée arnachée à la monture.
La guerre fait rage, on n'est point à l'abri de complots et manigances, de même que les chemins ne sont des plus sûrs et des plus sereins.
Il laisse donc donc l'épée, avant d'entrer dans le lieu saint, mais cache une dague dans son mantel.

Quelques pas sur les pavés clairs, quelques minutes encore pour se dire qu'il pénètre alors dans le domaine de l'héritier de feue Enimia.
- Grande noblesse - Engagements et vœux sincères -
Quelques marches à la volée et entrée dans l'édifice. Il est là, pour avec d'autres, accompagner l'ascension de l'âme de Prouvençao vers le Paradis Solaire.

Tant de sang versé aujourd'hui, que les armoiries du vicomte, toute d'or et de sang maculées, ne peuvent laisser place à un scepticisme qui s'empare du nouvel arrivant.
Sans le savoir il vient également rechercher l'espoir et le repos de l'âme, peut-être également une réponse à une question restée en suspend depuis les faits d'armes berrichons.

Il se signe et entre discrètement, adressant un regard qu'il veut paisible à l'attention de l'officiant qu'il saluera comme il se doit après l'office.

Seigneur, ne détourne point ton regard de notre ami.
Trois sentences, trois appels.

Et, pendant que l'on célèbre les funérailles d'un grand homme de Provence, le vicomte toulousain, pleure également dans le secret de son cœur, une autre âme trop tôt partie, ses douces mains et son sourire.
*Seigneur, accepte-la auprès de toi, je t'en supplie*

- Amen -

On fait passer une corbeille dans les premiers rangs de l'assemblée, le temps qu'elle lui parvienne il essaie de distinguer les visages rassemblées dans la nef.

Ils sont là, pour lui.

Elle vit les gens de Marignane sortir du caveau le défunt puis Pont d’Agoult commencer la cérémonie par quelques psaumes de circonstances. Elle répondit à la suite de chacune des formules d’usages prononcer par : “ Seigneur ne détourne pas ton regard de notre ami ! “. Sa voie était tel un chuchotement discret dissimuler parmi les autres.

Le panier des offrandes vint jusqu’à elle. Longuement elle avait réfléchit au voyage qu’avait parcouru Alexis lors de son voyage terrestre. Que pouvait-il bien emporté dans ce nouveau voyage vers le Très Haut qui pourrait avoir qualifier son voyage ici- bas ? Tant de fois elle l’avait vu manger des olives accompagnées d’épices, déguster de bons breuvages, travailler dans sa bibliothèque ou encore se promener dans les champs de lavandes. Ce qui avait par dessus tout tenu à coeur à Prouvencao c’était la Provence elle-même. Pour cette raison, Alexandra lui avait préparer un petit bouquet de lavande qu’elle déposa dans le panier. Elle sortit de sa bécasse sa plume et son encrier qu’elle plaça avec le doux parfum des fleurs. Il emportera avec lui ce doux souffle de Provence inspirant ses prochaines écritures.

Elle vit ensuite l’homme menant la cérémonie placer une croix entre les mains de son ami, la cérémonie se poursuivait ...